Mais viens-là, je ne vais pas te faire grand mal !
C'est en dissimulant une hache dans son dos que la Manon s'adressait au vieux coq. Le cuisinier avait décidé qu'il avait fait son temps et s'accommoderait de vin du Razès. Le volatile n'avait pourtant pas décidé avoir fait son temps et se montrait plus que récalcitrant, grimpant sur le tas de fumier qui attendait d'être évacuer par charrettes, la Comtesse venant de donner l'ordre de curer les douves, trop malodorantes à son gré. Certes, ça avait râlé et pas qu'un peu vu les chutes de températures, mais tout le monde avait obtempéré et c'est en lançant vers le ciel un "cocorico vigoureux que le vieux coq se moquait de la servante.
Mestrà ! Mestrà ! Il y a une Donà qui est arrivée en carrosse, elle attend là bas !
Si les yeux avaient pu lui sortir de la tête, il est certain que la Manon aurait été énuclée sur le champ. Vérifiant que ses cheveux sont bien couverts, comme pour toute femme correcte, elle se dirige vers le bâtiment qui sert à recevoir les mendiants et autres marchands ambulant et voir effectivement une femme, installée sur une chaise à attendre. Aussitôt, ton des plus serviles et courbettes en veux-tu en voilà, la domestique se présente à la nouvelle venue en Razès.
Bonjorn Donà ! Je suis Mestra Manon, de la Maison des Noùmerchat. Que pouvons-nous pour votre service ?
Elle ne s'est même pas aperçue que dans sa précipitation, elle avait oublié de reposer sa hache, qu'elle tenait fermement comme une arme.